Les « arts numériques » sont le reflet de nos modes d’existence, connectés, interactifs. Chacune des oeuvres proposées entre en résonance avec notre époque en s’appuyant sur les nouvelles technologies et les nouveaux usages, dans un souci permanent de dialoguer avec les lieux et les cultures, que ce soit par la mise en valeur du patrimoine architectural ou les échanges avec les acteurs locaux.
« UN LIEU, UNE SCÉNO »
L’association Les Réseaux de la Création, organisatrice du Festival Vision’R, offre depuis plus de 10 ans un panorama des pratiques de l’image live et In situ, drainant autour d’elle une communauté d’artistes numériques. Les Réseaux de la Création réunit des artistes impliqués dans « l’aventure » Vision’R depuis sa création et désireux de prolonger l’expérience en unissant leurs talents pour proposer un catalogue d’installations numériques et investir des lieux insolites afin de créer des oeuvres collectives éphémères. Crypte Carolingienne (Cryptation 2010), abri anti-atomique (Data center 2014), friche industrielle (Lux 2015), environnement naturel (Féeries nocturnes 2014 et 2015), sous-terrains…
La « culture numérique » évoluant au rythme des musiques électroniques, Les Réseaux de la Création expérimentent de nouvelles formes de diffusion afin de prolonger l’espace scénique traditionnel en proposant des expériences sensorielles inédites au public.
IMAGE LATENTE
Une installation d’URBRAIN
coréalisée avec Érik Lorré
Le mot hologramme provient du grec holos (en entier) et graphein (écrire). Depuis que le rêve le plus fou de l’homme, celui de voler, est désormais réalisé, qu’avons-nous comme rêves pour demain ?
Les films de science fiction nous en délivrent pourtant d’autres, mais la technologie les rattrape vite. Nous avons cherché dans cette installation à tutoyer le rêve de l’image suspendue dans l’espace, fragile, tremblante dans le vide, impalpable et dématérialisée de tout écran solide.
QUAND L’IMAGE NUMÉRIQUE S’ÉCHAPPE DE L’ÉCRAN
Dans ses différents projets artistiques visuels, Urbrain a toujours rêvé de séparer l’image de son support, écrans d’ordinateur, video-projections ou diaporamas.
Les recherches du LABo des Fées, animé par Erik Lorré, explorent également ces différents supports dans des installations ou spectacles vivants en programmant des images, des sons, en temps réels synchronisés avec des actions physiques pilotées par ordinateur.
En combinant leurs recherches respectives et leurs univers, ces deux artistes explorent ici la technique de projection d’images sur des gouttelettes d’eau.
Leurs désirs de créer des environnements immersifs, interactifs avec une pointe de magie ont fait naître cet incroyable objet qui place la lumière en lévitation et le public en admiration.
INFINITE ROOM
Une installation de Joan Giner
Musique de Christophe Rault
Infinite Room nous plonge au coeur d’un voyage spatio-mécanique en trompe l’oeil, questionnant notre intériorité sur un ton familier, remettant en question notre capacité à s’adapter à l’environnement.
UNE EXPERIENCE SOLITAIRE DE 3’30’’
C’est en explorant les possibilités de l’anamorphose en vidéo que le projet INFINITE ROOM est né. Chambre noire des possibles, totem illusoire d’images difractées.
En combinant vidéo mapping sur quatre plans et point de vue unique à travers un verre optique, des effets de perspective prennent vie, évoluant au rythme d’une séquence narrative et sensorielle.
Une immersion dans un imaginaire concret qui se joue des frontières visuelles.
Une installation optique et auditive ou perspective et point de vue sont constamment bousculés.
DELTA
Une installation d’Olivier Ratsi
DELTΔ, quatrième lettre de l’alphabet grec, est représentée depuis les temps les plus anciens par un triangle pointé vers le haut. Tirant son origine de la lettre correspondante de l’alphabet phénicien, elle est basée sur un hiéroglyphe représentant une porte.
L’ANAMORPHOSE
L’installation audiovisuelle DELTΔ est un travail sur la perception de l’espace, explorant via une porte dématérialisée – représentée par un symbole géométrique – l’éventualité d’un espace fictif tridimensionnel.
Utilisant la technique de l’anamorphose, la pièce est basée sur une position du spectateur en un point pré-déterminé par l’artiste. Cette position permettra au spectateur de reconstituer visuellement le symbole géométrique et découvrir les Pelures qui rayonnent depuis son centre de gravité.
ratsi.com
vimeo.com/104513112 (password: delta)
HÉMISPHÈRE
Une installation d’Etienne Bernardo
Création sonore : Stéphane Bissières
Etienne développe ses propres instruments de création où la vidéo, la musique, la lumière et le corps sont en interaction. Il travaille avec de nombreux artistes, comme des musiciens, chorégraphes et artistes vidéo.
UNE EXPÉRIENCE ORGANIQUE IMMERSIVE
Le public est invité à plonger ses mains à l’intérieur de cet hémisphère pour générer images et sons grâce à l’utilisation de capteurs.
L’interaction fait partie intégrante de cette installation, sous différentes formes. D’abord une interaction numérique par la captation gestuelle, mais aussi analogique par la possibilité donnée au public de jouer avec de la fumée, un vaporisateur d’eau, de la lumière. Le son est généré du bout des doigts et les images viennent se créer dans le chaudron à l’intérieur des mains, comme un hologramme, une illusion.
DERIVE
Une création de Clémentine Poquet
coréalisée avec Vincent Martial
Dérive est une exploration du paysage informatique actuel à travers le filtre des moteurs de recherches. Une traversée visuelle à travers le filtre du cinéma mécanique.
L’installation propose une série d’images et de textes, générées par un moteur de recherche et librement réinterprétés, qui interrogent la dématérialisation numérique et en quoi l’outil informatique peut devenir vecteur d’imagination.
INSTALLATION CINÉ-MÉCANIQUE ET DESSINÉE
Des petits textes fictions et des images sont générés à partir d’un moteur de recherche puis librement réinterprétés en dessin.
Les dérives fonctionnent comme un miroir de la société connectée. Elles explorent et décortiquent le paysage informatique actuel et ses moteurs de recherche. Ce dernier, guidé par la main de l’artiste, génère des images et des textes et devient ainsi un moteur de création.
DISPOSITIF
Il s’agit d’une colonne de cylindres conçue sur le principe du praxinoscope, jouet optique à l’origine du cinéma d’animation.
Des bandes interchangeables de douze dessins décomposent un mouvement cyclique qui se reflètent dans une cage de miroirs.
Le mécanisme est actionné par le public à l’aide de manivelles et génère des boucles d’images video-dessinées.
La rotation des cylindres actionne des mécanismes sonores (aimants, petits marteaux de pianos, etc.) et déclenche l’animation des images. Le défilement des images nous fait basculer dans un univers poétique et patrologique.
HORS CHAMP
Une installation de Stéphane Privat
texte de Pierre Mellet & Stéphane Privat
HORS CHAMP propose une série d’impressions qui s’extraient du récit initial. En confrontant l’image fixe à l’image en mouvement, il s’agit de détacher le filmeur du filmé et de mettre en jeu les hors champ qui pouvaient les animer l’un et de l’autre.
SIX TIRAGES PHOTO MAPPÉS
« À chaque fois c’est pareil. J’entasse des films, des photos, des bibelots. Et dès que je veux y mettre de l’ordre, retrouver quelque chose, ce sont toujours les mêmes visions qui reviennent. Et tous ces films qu’il faisait tout le temps. Laissés là. A l’abandon. Comme des mots qui rôdent dans mes affaires. Qui m’envahissent la bouche. Me brûlent. J’ai beau les mastiquer. Les avaler. Ils finissent toujours par refaire surface. Quelque part. Et je dois tout reprendre à nouveau. Pourquoi le temps marche en crabe ? »
La série HORS CHAMP est tirée du spectacle multimédia YOU SCARED ME (Groupe Composit, 2014) dans lequel sont mis en scène un filmeur (dénommé B) et une personne filmée (ADA). B n’est présent qu’à travers les films qu’il a tourné et qui sont projetés sur scène. ADA visionne ces images en boucle et, à partir d’elles, rejoue leur histoire.
Durant les tournages, il s’agissait de se dégager du poids de l’intention. Les vues initiales n’ont pas été mises en scène dans des compositions préétablies. Le cadre de la caméra était suspendu aux gestes de celle qui était filmée. Les personnages et les images trouvaient leurs contours dans la durée de la prise de vue.
I WAS THERE
Une installation peinture et vidéo
Par Louise Sartor et Raphaelle Uriewicz
Louise Sartor est une artiste française diplômée de l’ENSAD ainsi que de l’ENSBA à Paris. Issue de la génération internet, son travail est une recherche continue autour du rapport entre tradition et modernité, pratiques ancestrales et nouveaux médias. Pour cette oeuvre, elle s’associe avec Raphaelle Uriewicz, artiste vidéaste française. Son travail utilise le mapping et la projection vidéo pour intervenir sur des espaces voir même des oeuvres préexistants, donnant vie à des architectures, des sculptures ou encore des graffitis sur un mur.
GÉNÉRATION DÉCONNECTÉE ?
« A chaque fois c’est pareil. J’entasse des films, des L’installation « I was there » tire son inspiration dans le rapport complètement nouveau à la réalité instauré par l’apparition des smartphones. Les événements sont vus et vécus à travers ces petits écrans superpo- sés, l’exemple le plus spectaculaire étant le public dans les concerts, se transformant en mer d’écrans levés et braqués sur la scène. Pour cette installation, Louise Sartor réalise une peinture réaliste d’un point de vue du pu- blic. L’image est saturée de bras tendus tenant des téléphones, au point que le spectateur n’a plus de vue directe sur la scène, il ne peut ap- précier le « spectacle » qu’à travers cette multitude d’écrans. Raphaelle Uriewicz intervient en projection mapping pour donner vie à ces écrans peints, imaginant un chaos de scènes diverses, utilisant de réelles images amateures pour créer une fresque du monde vue à travers l’oeil du téléphone, une allégorie de la société du spectacle dans sa plus récente incarnation.